lundi 21 avril 2014

Episiotomie: un mot qui fait mal

Brrrr, rien qu'en écrivant ce mot "déchirant", je ressens encore des picotements sur ma blessure datant de deux ans et 5 mois maintenant. Brrrrr

Je découvre le mot

2007: J'entre pour emprunter un fard à paupières dans la chambre de ma cousine, élève sage-femme, qui habitait chez nous à l'époque, et je la vois s'affairer entrain de coudre un poulet avec une aiguille bien spéciale.
Tellement intriguée par ces faits inhabituels: un poulet sur le bureau, un poulet dans la chambre, pas de farce pour le poulet et pourtant elle a bien l'air de le coudre..., je n'ose pas parler, j'avance et je découvre la réponse à mes questions: un cahier est posé bien en évidence à ses côtés, avec un grand titre: EPISIOTOMIE.
Oubliant la raison de ma venue dans sa chambre: emprunter son fard à paupières, je cours dans la mienne, prends le laptop et tape  le mot intriguant sur google ( mon ami de toujours après l'époque Encarta). Les photos de la page des résultats m'ont glacés les veines. ( Certains d'entre vous, dormiront moins bête ce soir, s'ils s'aventurent sur cette page).



J'entends le mot

2010: Pour éviter l'épisiotomie, me dit ma sage femme en cours de préparation à l'accouchement, vous pourriez ...
Je n'écoute plus la suite, je viens de m'apercevoir que je ne suis pas à l'abri de ce mot en fait. Que je pourrais aussi subir ces boucheries atroces que j'ai vu sur google, il y a trois ans de cela. Obnubilée par ma grossesse, j'ai zappé qu'accoucher par voie basse, la base de mon projet de naissance, c'est donner une chance à l'épisiotomie de me déchirer.

J'évite le mot

Voulant à tout prix éviter la coupure tant redoutée, je suivis à la lettre les conseils de ma sage femme: massage périnéal un jour sur deux, avec la collaboration active de Papa ( mon essentiel, mon mari quoi!), porter un tampon imbibé d'huile de sésame une nuit par semaine ...En plus, j'épluche tous les livres qui peuvent m'aider.
Parallèlement, je consulte internet et BING (>_<) : la maternité de mon choix fait partie de celle qui ne font pas tout pour éviter l'épisiotomie. Aie! pourtant c'est une grande maternité parisienne. A 38SA , il n'est plus question de changer de maternité!!! Je ne me décourage pas: je continue ma marche quotidienne, je fais les exercices de respiration plus que raisonnablement...


Je subis le mot

Depuis les 16h, où je suis arrivée à la maternité, il n'a jamais été question d'épisiotomie, tout s'est bien passé. Me voici bien installée en position pour accoucher, et Poupette est bien engagée. Mais il y a un petit hic: elle relève la tête au lieu de la baisser, et ce n'est pas très bon pour l'accouchement par voie basse.
On fait tout pour qu'elle baisse la tête, mais rien n'y fait, le taureau qui sommeille en elle, est plus obstiné que jamais, à sortir la tête haute ( looool). Et c'est à ce moment là que les cinq autres bébés des autres dames, admises en urgence maternité, décident de pointer le bout de leurs nez aussi. Les accouchements s'enchainent, il n'est plus question de jouer aux princesses Poupette, on va te sortir de là car il y a une longue file d'attente après toi.

"On va essayer les ventouses madame," me lance le docteur! Aussitôt dit, aussitôt fait! Poupette sort, un peu sonnée mais en super santé et très en beauté. Je rencontre une vraie princesse pour la première fois de ma vie, et au beau milieu des révérences et des courtoisies de circonstance, le docteur me dit: "Je vais vous recoudre madame!"

Je n'ai pas le temps de le réaliser, on me prend Poupette dans le bras pour les tests et les examens, mon essentiel s'installe à mes côtés et le docteur exécute sur moi, les mêmes gestes que ma cousine a faits sur le poulet dans sa chambre. ( la terre tourne vous-dis-je! Le poulet m'en a tellement voulu d'être témoin de son triste sort que me voici à sa place!).

A voir la tête de Papa, la scène ne doit pas être beau à voir. Et je n'aimerai pas être à sa place non plus.

De nous deux, je préfère encore être à la mienne, car le traumatisme se manifestera en post -accouchement, pas   tout de suite. C'est comme dans les films d'horreur, on n'a pas peur sur le coup, mais pour aller aux toilettes , toute seule, au beau milieu de la nuit, là, tous les monstres du films semblent habiter chez nous!  BRRRRRR.

Avec les effets de la péridurale, je n'ai rien senti, ni quand on m'a incisé ( d'ailleurs, on ne m'a même pas prévenu!!!), ni quand on m'a cousu. Je me disais: plus de peur que de mal!


Je comprends le mot

C'est lors du premier pipi post-natal ( ben oui, appelons un chat un chat et un pipi, un pipi!), que j'ai senti à quel point le mot épisiotomie était douloureux. Je sentais bien le liquide passer sur ma plaie. Oh Dieu que cela fait mal, terriblement mal. Je cours rejoindre mon lit pour étouffer mes larmes et là: aiieeee, à chaque pas que je fais, dès que je bouge mes jambes (au niveau de mes cuisses plus précisément), ma plaie me tiraille et m'arrache des hurlements. Sur 1 à 10, avec 1 la moins douloureuse et 10 la plus insupportable, la douleur avoisine les 12, voire plus.
Un mois et demi! Il m'a fallu un mois pour que bouger, m'asseoir, uriner et me laver... et autres gestes habituels se déroulent normalement, sans aucune douleur. Un mois et demi de calvaire où en plus de ma nouvelle maternité, je devais apprendre  à bouger avec ma plaie et ses douleurs.

Je vis avec le mot

Ma plaie a bien cicatrisé depuis pas mal de temps, mais elle a laissé une trace. Ma féminité n'est plus ce qu'elle était, même l'amour me fait mal. Aie! Dès que je vois, j'entends, je lis: épisiotomie, les douleurs me reviennent. Pas là où elles devraient être, je n'y ressens que quelques picotements, mais dans ma tête.
Les séances chez le psychologue, les rééducations périnéales ont juste atténué la douleur, car désormais je suis marquée à jamais. Marquée par la maternité!


Avis: je déteste ce mot



Episiotomie, je te déteste!!! Rien dans la composition de ton nom n'explique ta vraie signification, il faut s'aider du dictionnaire pour te comprendre, et pour certaines, on ne connait ton existence qu'après t'avoir subie! Et là c'est trop tard! Peut être que si tu te nommais autrement, avec un nom où résonne plus d'humanité et moins de science, je t'aurai mieux comprise. Et malgré tout cela, c'est avec toi que je continuerai mon petit bout de chemin, bon gré mal gré.

3 commentaires:

  1. aoutch ça sent bien le vécu tout ça Soapeta :) Comme je te comprends. Comme je vois parfaitement de quoi tu parles avec la douleur à 12/10. Quand j'y suis passée, je n'ai pas eu de péridurale et la personne qui m'a recousue a bien pris son temps, tu sais comme quand on fait le peta-kofehy traditionnel! J'ai bien senti ce long fil passer :/

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je compatis Ranouraii, seuls celles qui y sont passées peuvent vraiment comprendre ce que c'est. Je suis encore traumatisée, je bien d'autres enfants mais c'est la peur ( d'une éventuelle épisiotomie) qui me traumatise.
      Espérons qu'avec le temps, la douleur psychologique s'effacera petit à petit. ;-)

      Supprimer
  2. La çhanceuse que je suis n'a pas senti de douleur. Hihi, j ai juste senti l'aiguille et la fil traversé ma chair. Sans péri pourtant...

    RépondreSupprimer